Les débordements des années fastes ne sont plus de saison chez les créatifs. Mais les incivilités progressent. Et si les agences communiquaient enfin en interne sur le sujet ?
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"Encore un créatif ivre mort qui a vomi dans les tiroirs !" Cette vision horrifique de lendemain de fête, Éric Allard, ancien responsable pendant plus de dix ans des services généraux de plusieurs grandes agences de publicité, a peu de chances de la revivre. D'abord parce qu'il évolue désormais dans l'ambiance beaucoup plus feutrée du groupe Efidis, un spécialiste de la location de logements sociaux. Mais aussi parce que les fiestas des publicitaires ont quelque peu évolué depuis les années fastes et folles... « Délire intégral, lâchage complet, éclate totale » : l'ambiance au quotidien dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix laisse aux vieux loups de mer de la pub des souvenirs impérissables. « Tout était bon pour s'amuser », lance Pierre Le Gouvello, coprésident de DDB France. Des blagues pas toujours du meilleur goût... « Outre les courses-poursuites et autres chenilles géantes dans les locaux de l'agence, je me souviens de créatifs s'amusant à peindre au Tipex les parties génitales du labrador de la dircom, raconte le publicitaire. Ou encore, au moment de l'installation des premières photocopieuses couleur, de répliques de billets de banque jetées dans la rue, avec des collaborateurs hilares aux fenêtres. Après une descente de police, on a arrêté... »
Mais les parties de rigolade débridées s'en sont allées à mesure que le retour sur investissement a imposé sa loi. À tel point qu'aujourd'hui, rares sont les agences à prendre le risque d'organiser une fête dans leurs locaux. Des fêtes qui sont d'ailleurs de moins en moins spontanées. De quoi redonner le sourire aux services généraux des agences et aux entreprises de nettoyage. Mais pas à tous les publicitaires. « Dorénavant, dans les trois quarts des agences, on ne se marre plus, constate Pascal Grégoire, ancien spécialiste ès-bombes à eau chez CLM-BBDO, aujourd'hui à la tête de La Chose. La plupart sont de grosses machines très hiérarchisées, avec des dirigeants qui ne sont plus des créatifs mais des gestionnaires. D'un métier de poètes et d'épiciers, nous sommes passés à un métier d'épiciers tout court. Il est pourtant fondamental de garder notre esprit d'antan. »
Source : Stratégies
Journaliste : Lionel Lévy
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